Background

Le contexte socioculturel du Mali est construit sur des bases patriarcales et fortement marqué par des inégalités profondes entre les femmes/filles et les hommes/garçons soutenues par certaines mauvaises interprétations de certains textes religieux. Les femmes sont souvent réduites à leur rôle reproductif de mère et limitées à assumer l’identité d’épouse construite sur des normes traditionnelles et religieuses. Les communautés adoptent certaines normes inégalitaires qu’elles justifient comme étant intrinsèques à la culture malienne, voir même décrétées par Dieu. Généralement, elles perçoivent les inégalités entre les hommes et les femmes comme une normalité et non comme une construction. Cette perception engendre parfois des discriminations, des inégalités et des violences à l’égard des femmes et des filles. En effet, selon Enquête Démographique et Sociale effectuée en 2018 (EDSM VI), au moins 45 % des femmes de 15 à 49 ans ont subi des actes de violence physique ou sexuelle au Mali. 49 % des femmes de la même tranche d’âge, en union ou en rupture d’union, ont subi des violences émotionnelles, psychologiques, physiques et/ou sexuelles. Pourtant, le cadre normatif composé de la politique nationale genre et la stratégie nationale de communication contre les VBG accordent une importance capitale à l’élimination des inégalités sociales et des violences sur les femmes et filles et les communautés.

Des récentes études conduites par ONU Femmes Mali et son unité en charge de la prévention des violences basées sur le genre ainsi que l’analyse des normes socio traditionnelles démontrent l’urgence de mettre en place des stratégies pour changer ces perceptions afin d’amorcer un changement de paradigme en intégrant les hommes comme agents de changement dans les processus de renforcement de l’égalité hommes et femmes et de renforcer leur rôle dans la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles.

Pourquoi travailler avec les hommes et les garçons pour prévenir la violence à l’égard des femmes et les filles ?

La violence à l’égard des femmes et des filles est ancrée dans des normes socioculturelles et 

traditionnelles qui prévalent dans de nombreuses communautés au Mali. La culture et la tradition étant généralement aux mains des hommes, il devient plus que vital qu’ils fassent intégralement partie de la conception et la mise en œuvre de toutes les stratégies, politiques et programmes visant le changement des normes sociales et l’élimination des violences faites aux femmes et aux filles.

Les hommes et les garçons socialisés dans ces contextes développent des opinions rigides sur le rôle des deux sexes et sur la masculinité en croyant par exemple, que les hommes ont davantage des besoins sexuels que les femmes ou que les hommes doivent dominer les femmes dans tous les domaines, y inclus sexuellement.

Les hommes occupent encore la majorité des postes de pouvoir et d’influence en droit, en politique, dans les finances, le secteur de la justice et de la sécurité, le monde des affaires et les médias. Ce sont eux qui déterminent des priorités en matière politique et législative ainsi que des budgets publics ; et dans beaucoup de pays, y compris au Mali ; les institutions de première ligne chargées de prévenir les violences à l’égard des femmes (telles que la police, les professions de la santé et du droit, le système judiciaire, etc.) sont sous domination masculine. Les hommes s’impliquent de plus en plus dans la lutte contre la violence à l’égard des femmes et des filles et ils ont un rôle positif à jouer dans cette lutte. Certains hommes remettent publiquement en question les croyances, les valeurs et les normes sociales qui tolèrent l’inégalité entre les sexes et les violences sexospécifiques, et ils encouragent l’adoption d’idées alternatives sur la masculinité parmi leurs pairs et au sein de la société, qui favorisent la non- violence et l’équité entre les sexes (Flood, 2008). L’alliance MenEngage, par exemple, regroupe plus de 400 organisations à l’échelle mondiale qui œuvrent avec les hommes et les garçons pour promouvoir l’égalité des sexes et pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes et des filles. Les données factuelles émergentes montrent que les approches préventives impliquant les hommes et les garçons sont efficaces. Les conclusions des études indiquent que des interventions appropriées peuvent impacter la perception, le comportement et l’attitude des hommes envers les femmes.

Ces interventions peuvent mener aux changements positifs suivants :

  • Réduction de l’usage auto-signalé de violences physiques, sexuelles et psychologiques dans le cadre de relations intimes ;
  • Accroissement du soutien social en faveur des conjointes du fait des changements des normes communautaires et d’une amélioration de l’information concernant les services existants ;
  • Traitement plus équitable des enfants (garçons et filles) ;
  • Emploi accru des contraceptifs et préservatifs ;
  • Communication accrue avec les partenaires sur la santé des enfants, la contraception et les décisions en matière de reproduction.

Difficulté de l’offre de services : au regard de cette situation alarmante, il a été constaté que les acteurs intervenant dans la prévention, la protection et la prise en charge des cas de violence sont confrontés à un certain nombre de difficultés àsavoir : les pesanteurs socio culturelles ; l’implication des leaders traditionnels et religieux comme vecteurs de changement de comportement et des normes sociétales, les difficultés d’accès et d’offres de services sociaux de  base  dans  le  domaine  des  VBG  (médicale,  psychosociale).

C’est dans cette perspective que ONU Femmes Mali, dans le cadre de son mandant pour la de changement pour contribuer à l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles dans promotion de l’égalité hommes et femmes au Mali et le Gouvernement de l’Allemagne souhaitent travailler ensemble en partenariat avec les hommes de la société civile, les leaders traditionnels et religieux comme acteurs les régions identifiées dans le cadre de ce projet. L’adhésion, l’implication, l’engagement et l’accompagnement des leaders traditionnels et religieux sont très importants pour la transformation/adaptation des normes sociales toxiques et la prévention de ces violences. Ce partenariat porte sur le projet « Contribuer à l'élimination des discriminations et violences faites aux femmes et aux filles au Mali : les hommes et les garçons comme agents de changement” dont l’objectif est de renforcer le leadership des hommes et des garçons pour le changement des normes sociales, la promotion des droits des femmes et des filles, l’élimination des discriminations et des violences à leur égard.

Dans le cadre de la mise en œuvre de ce projet, le bureau ONU Femmes Mali recrute un/e consultant/e pour la réalisation d’une étude de base du projet et une cartographie détaillée des différents mécanismes regroupant les légitimités traditionnelles et religieuses et de gestion des conflits communautaires.

Certaines communautés disposent déjà de mécanismes et structures locaux de gestion de conflits familiaux dont certaines formes de violences faites aux femmes et aux filles. Il s’agira donc de faire une cartographie des mécanismes existants, notamment ceux en faveur de la promotion des droits des femmes et des filles, la lutte contre les violences et pratiques néfastes et dégradantes

Duties and Responsibilities

Il s’agit à travers ce projet :

  • De développer des stratégies communautaires durables conduisant à l’abandon des croyances, perceptions et stéréotypes préjudiciables aux droits des femmes et filles en collaboration avec les hommes et les garçons sur la base des réalités locales,
  • De contribuer à mettre en place une génération d’hommes et garçons ambassadeurs de la promotion des droits des femmes et la prévention des violences au sein des communautés. Les interventions du projet se focaliseront sur l’engagement des légitimités traditionnelles et religieuses en tant que catalyseurs pour le changement de normes sociales pour l’élimination des discriminations et inégalités pour une meilleure autonomisation et respect des droits des femmes et des filles au Mali.
  • De renforcer davantage le leadership des autorités administratives, traditionnelles et religieuses, des communicateurs traditionnels, des jeunes artistes, des médias locaux dans la promotion d’une nouvelle catégorie d’hommes avec de meilleures connaissances des rôles et responsabilités des hommes en tant que père, mari, frère et fils dans l’élimination des violences et des inégalités basées sur le genre à travers des renforcements de capacité, le renforcement et la redynamisation des mécanismes communautaires regroupant les hommes et les garçons et le développement de stratégies communautaires de prévention, d’alerte précoce et de gestion des VBG par les communautés sous le leadership des légitimités traditionnelles et religieuses.
  • De contribuer également à la création de cadre d’échange et de concertations dynamiques au sein des communautés pour appuyer les initiatives des hommes et des garçons pour le changement des normes sociales pour l’élimination des violences faites aux femmes et aux filles et la promotion des droits des femmes et des filles au Mali.
  • De permettre de mettre à échelle et d’initier des actions innovatrices comme le renforcement du rôle de la communauté, particulièrement les légitimités traditionnelles et religieuses dans le plaidoyer et la sensibilisation pour l’élimination des violences faites aux femmes et aux filles ; la prise en compte des groupes de femmes et filles exposés à de multiples formes de discrimination croisée dans la promotion des droits des femmes ; la création d’un partenariat tripartite entre les leaders religieux et coutumiers, les organisations de la société civile et les agents de l’administration nationale et locale en faveur de la prévention et la gestion des cas de violences faites aux femmes et aux filles.

Le projet porte sur 2 axes prioritaires à savoir :

Axe prioritaire 1 : Les hommes & jeunes acteurs de changement au niveau des communautés

Les autorités administratives, politiques et les collectivités à Bamako et dans les régions sélectionnées dans le cadre de ce projet, ainsi que les légitimités traditionnelles et religieuses et les jeunes dans les communautés initient des actions pour la mise en place des approches pratiques et stratégies locales contribuant à l’élimination des discriminations, des inégalités et des violences faites aux femmes et aux filles.

Axe prioritaires 2 : Transformation des normes sociales à travers la mise en place d’un réseau d’hommes et des jeunes en faveur de la prévention des violences à l’égard des femmes et des filles

Les légitimités traditionnelles et religieuses, les autorités scolaires, les associations et groupements de jeunes, les communicateurs traditionnels et modernes, les artistes sont activement engagés et mobilisés dans les interventions pour le changement des normes sociales en faveur de la promotion des droits des femmes.

Objectif principal:

L’objectif principal de l’étude est l’indentification et l’analyse des données de base du projet c’est dire les mécanismes communautaires et les lois coutumières faisant la promotion des droits des femmes et des filles dans les régions de Kayes, Sikasso, Mopti, Gao et le district de Bamako.

Les objectifs spécifiques sont:

  • Mettre en place une base de données de référence pour le projet ;
  • Identifier et créer un répertoire des lois coutumières faisant la promotion des droits des femmes et filles ;
  • Faire le mapping des mécanismes communautaires regroupant les légitimités traditionnels et religieuses dans les zones d’intervention du projet ;
  • Faire une cartographie des mécanismes de gestion de conflits existant, notamment ceux en en lien avec les violences faites aux femmes et aux filles ;
  • Analyser les forces et faiblesses des mécanismes prévention d’alertes et de gestion de conflit existant et proposer des orientations pour leur amélioration.

Les résultats attendus:

  • Des données de base sur le projet sont identifiées ;
  • Les lois coutumières portant sur les droits des femmes et filles au niveau des communautés bénéficiaires sont identifiées ;
  • Le mapping des mécanismes communautaires regroupant les légitimités traditionnels et leaders religieux dans les zones d’intervention du projet est fait ;
  • Une cartographie des mécanismes existants, notamment ceux en faveur de la promotion des droits des femmes et des filles, et un livret en langues locales pour chaque communauté et mise à la disposition de la des populations.
  • Une analyse des forces et faiblesse des mécanismes prévention d’alertes et de gestion des conflits est effectué et des orientations sont faites pour les améliorer.

Competencies

Procédure de soumission des offres:

Le/la consultant/e soumettra une offre technique et une offre financière avec la mention : Conduite de l’étude de base du projet « Contribuer à l'élimination des discriminations et violences faites aux femmes et aux filles au Mali : les hommes et les garçons comme agents de changement ».

Comprenant la méthodologie détaillée, un planning détaillé des activités, le CV du/de consultant/e, et toutes les autres

Informations nécessaires pour l’appréciation des offres.

Critère d'évaluation des offres:

Les dossiers de candidature devront être composés de :

  • Une lettre de soumission de l’offre dûment signée ;
  • Une offre technique comprenant :
    • Un CV à jour qui devra indiquer clairement les expériences similaires ;
    • Les méthodologies pour réaliser les travaux de consultance ;
    • Une copie de(s) certificat(s) ou attestation(s) de travail ou une attestation de bonne findans des prestations similaires ;
    • Une note de compréhension de la mission.

La notation se fera comme suit :

Expérience et CV....................................................... 20 points

Compréhension de la mission..................................... 20 points

Proposition technique.................................................. 60 points

Seules les offres techniques des candidats qui ont obtenu au moins 70 points de l’évaluation technique seront ouvertes et considérées pour la sélection finale.

Required Skills and Experience

Education

  • Diplôme de Master en sciences sociales, genre, droit, anthropologie, sociologie, ou d’autresdomaines connexes.

Expériences

  • Au moins 5 ans d’expériences professionnelles dans la conduite d’études similaires ;
  • Avoir une bonne expérience de collaboration avec les organisations de la société civile notamment les communautés à la base ;
  • Avoir une bonne connaissance de l’environnement socioculturelle des zones d’interventions du projet ;
  • Avoir une bonne connaissance de l’organisation des hommes et des garçons ;
  • Avoir une expérience avérée dans la collaboration avec les leaders traditionnels et religieux au Mali ;
  • Avoir une connaissance approfondie sur la CEDEF, l’égalité de genre, les droits humains, le concept de la masculinité positive et l’élaboration de module et document de sensibilisation et de plaidoyer, de projet/programme, la mobilisation de ressources et autres documents indispensables aux fonctionnements des OSC ;
  • Avoir une expertise démontrée en matière de VBG et une maitrise des outils de collecte et d’analyse genre ;
  • Avoir une bonne connaissance de la structuration et la collaboration avec les structures gouvernementales.

Informatique :

  • Bonne connaissance des outils informatiques (Word, Excel, PowerPoint,
  • Email sous environnement Microsoft).

Langue

  • Connaissance linguistique :
  • Excellente connaissance orale et écrite du français, l’anglais est un atout ;
  • La connaissance des langues locales parlées dans le pays est un atout.