Background

Plus d'une décennie de conflit en République Démocratique du Congo a détruit l'infrastructure sociale et économique du pays et a désarticulé les collectivités. La région de l'est a été la plus touchée avec un cycle continu de violence qui se poursuit jusqu'à aujourd'hui. Le cycle de la violence a également provoqué des déplacements de population à grande échelle.

En dépit des progrès intermittents enregistrés sur le plan sécuritaire au Nord Kivu, suite à plusieurs accords de paix signés entre les belligérants et des opérations visant à affaiblir les poches de résistance entretenues par les FDLR et autres groupes rebelles résiduels, la situation sécuritaire est encore instable, et s’est récemment dégradée avec le démarrage d’un nouveau groupe rebelle.

Le gouvernement a adopté un Plan de Stabilisation et de Reconstruction (STAREC) pour l'est de la République Démocratique du Congo dans le but de consolider les progrès réalisés, grâce à des opérations militaires et accords politiques, et ainsi restaurer l'autorité de l'État, créer un environnement sécuritaire pour les populations locales, réintégrer les populations déplacées et les anciens combattants et relancer les activités économiques locales. Le plan de stabilisation couvre le Nord-Kivu, le Sud-Kivu, le Maniema, l’Ituri, les Haut et Bas Uélé, de même que le Nord Katanga où l'aide humanitaire est encore importante.

La communauté internationale et le gouvernement sont conscients du fait que la durabilité de la paix et la sécurité dépendent en grande partie des conditions socio-économiques des populations vulnérables, notamment les groupes de jeunes qui constituent une source facile de recrutement pour les mouvements rebelles.

De plus, les économies locales au Nord Kivu restent fragiles notamment à cause de l'inexistence et du mauvais état des infrastructures de base (réseau routier, marchés, etc) qui entravent la commercialisation des produits agricoles et la circulation des personnes et des marchandises alors que la production agricole est la principale activité de la Province.

Dans cette optique, le PNUD a démarré le projet « Relèvement communautaire et de consolidation de la paix au Nord-Kivu » (RCCP), sur financement de la coopération coréenne qui vise à réduire les tensions communautaires par le biais de la prestation de services sociaux de base et l’amélioration des moyens de subsistance des collectivités locales.

Le projet RCCP vise à atteindre plus précisément les objectifs suivants:

  • Créer des possibilités d'emploi, notamment pour les jeunes et les anciens combattants par la formation professionnelle, le coaching et le soutien aux petites entreprises;
  • Réhabiliter et construire des marchés ruraux ainsi que des routes de desserte en vue de la redynamisation des activités économiques au Nord Kivu;
  • Mettre au point une expérience pilote de l'utilisation de la traction bovine comme un moyen de transport rural pour stimuler la mobilité des personnes, des biens et des services et pour réduire la surcharge de travail des femmes;
  • Réhabiliter et/ou construire des micro-barrages en vue de la production de l'électricité et de la réduction de l'utilisation du charbon de bois.

Le projet en est à sa phase de démarrage et sera mis en œuvre dans les territoires de Rutshuru, Walikale et Masisi où les retournés sont en grand besoin de réinsertion, sous réserve de situation sécuritaire compatible.

En ce qui concerne le volet de traction bovine, le Nord-Kivu présente des opportunités importantes pour l'utilisation de cette technologie non seulement comme une bonne alternative pour le transport rural, mais également comme contribution à la réponse aux préoccupations liées à la pénibilité de la tâche de la femme. La traction animale pourra considérablement améliorer le transport rural et aider à l’amélioration de la productivité des ménages, stimuler la production et accroître la mobilité de la population. Les zones envisagées pour la diffusion de la traction bovine sont les territoires de Rutshuru et, dans une moindre mesure, le territoire de Masisi.

Le projet prévoit la diffusion de la traction bovine et culture attelée comme innovation visant à réduire la pénibilité du travail des femmes et renforcer leur autonomie en leur accordant des facilités d’accès aux ressources et à promouvoir les valeurs positives de rapport d’égalité homme-femme. Il est envisagé d’appuyer des associations féminines actives dans le développement agricole avec des attelages composé de bœufs, d’une charrette, et éventuellement d’un outillage agricole pour le labour.

Cependant les considérations traditionnelles dans le contexte socio–culturel au Nord Kivu accordent difficilement à la femme le pouvoir de gestion ou de propriété des biens familiaux. Par rapport à la division sociale du travail, la femme peut traditionnellement entretenir les gros bétails mais la gestion et la propriété reviennent à l’homme. De plus, rares sont les filles qui participent directement aux filières des petits métiers artisanaux, qui restent l’apanage des seuls garçons. Il faut aussi noter que les aspects traditionnels et culturels liés à la traction bovine et/ou gestion du bétail peuvent s’avérer différentes entre les territoires de Masisi et Rutshuru.

Afin de prévoir le meilleur système d’introduction et de gestion de la traction bovine qui soit au bénéfice des femmes mais qui soit aussi le plus pérenne possible sur le plan culturel le bureau du PNUD au Nord Kivu souhaite recruter un consultant international chargé de la réalisation d’une étude destinée à analyser tous les paramètres socio–anthropologiques et formuler des recommandations pour réduire le risque d’échec de cette phase pilote.

Observation importante : actuellement la situation sécuritaire dans le territoire de Rutshuru est telle, que des déplacements dans cette zone ne sont pas autorisés.

Les candidats sont invités à prendre connaissances des informations contenus dans le lien  suivant : http://procurement-notices.undp.org/view_notice.cfm?notice_id=10440

Duties and Responsibilities

Objectifs de l’étude:

L’étude couvrira les zones de concentration des activités de la traction animale du Projet de Relèvement Communautaire et de Consolidation de la Paix au Nord Kivu (Territoires de Rutshuru et de Masisi) et vise les objectifs majeurs suivants :

  • ETUDE MONOGRAPHIQUE - Présenter les aspects socio-culturels et les conflits existants et potentiels liés à la gestion du gros bétail et la répartition du travail entre hommes et femmes, suivant la culture locale dans les zones ciblées;
  • ANALYSE DES RISQUES ET DE LA SENSIBILITE AUX CONFLITS - Présenter les risques socio-culturels et l’influence sur les conflits actuels/potentiels, associés aux différentes formes possibles d’organisation de l’activité de diffusion de la traction bovine du projet, au bénéfice des femmes;
  • RECOMMANDATIONS - Au regard des aspects socio-culturels locaux et de la sensibilité aux conflits (cf deux points précédents), proposer des recommandations les plus précises possible pour garantir les chances de réussite de la diffusion de la traction bovine au bénéfice des femmes, avec une attention particulière sur les aspects genre, l’appropriation et la pérennisation.

Tâches assignées au consultant:

Le(a) consultant(e) travaillera sous la supervision du Coordonnateur Provincial du Programme Cadre de Lutte Contre la Pauvreté et en étroite collaboration avec l’expert en relèvement/développement communautaire et l’animateur rural travaillant sur le projet.

Les tâches du consultant devront couvrir les aspects suivants:

Coordination:

  • Assurer la responsabilité de coordination de tout le processus de réalisation de l’étude  socio-anthropologique sur la sensibilité au conflit de la traction bovine et culture attelée au Nord Kivu;
  • Assumer le rôle de garant de la qualité des résultats de l’étude ainsi que leur délivrance dans les délais convenus.

En ce qui concerne l’étude monographique liée à la gestion du gros bétail et la répartition du travail entre hommes et femmes, pour les territoires de Masisi et Rutshuru:

  • Présenter les différents modes de gestion du gros bétail suivant les pratiques et culture locales;
  • Présenter les modes de répartition du travail, des ressources et du pouvoir entre hommes et femmes au sein du ménage et de la communauté;
  • Présenter les différents types de conflits rencontrés au sein de la communauté et du ménage dans la gestion du gros bétail d’une part et dans la répartition du travail/ressources/pouvoir entre hommes et femmes d’autre part;
  • Présenter les expériences existantes de diffusion de la traction bovine dans les territoires concernés, et les facteurs de réussite et d’échec de ces initiatives passées.

En ce qui concerne l’analyse des risques et la sensibilité aux conflits liées à la diffusion de la traction bovine pour réduire la pénibilité du travail des femmes:

  • En collaboration avec les parties prenantes du projet et compte tenu des expériences passées, présenter les différentes options stratégiques envisageables pour la diffusion de la traction bovine compatibles avec l’objectif de réduire la pénibilité du travail des femmes;
  • Pour chaque option recensée, procéder à une analyse des risques dans tous les domaines, en précisant la probabilité de réalisation, l’impact en cas de réalisation, et les mesures correctives possibles;
  • Pour chaque option recensée, procéder à une analyse de sensibilité aux conflits:
  • Influence du projet sur l’environnement/la communauté et les conflits existants
  • Influence de l’environnement/la communauté sur le projet
  • Proposer des mesures possibles d’atténuation des conflits possibles 

En ce qui concerne les recommandations pour la réussite du projet:

Au regard de l’analyse qui précède, énoncer toutes les recommandations utiles pour une réussite de l’initiative pilote de traction animale, en mettant un accent particulier sur :

  • l’équité du genre et l’autonomisation des femmes;
  • l’appropriation locale/nationale;
  • la pérennisation du projet.

Méthodologie de l’étude:

Au niveau méthodologique, le prestataire devra proposer une offre méthodologique détaillée incluant les techniques et outils de travail et une proposition de calendrier de travail, avant toute intervention.
La méthodologie qui sera utilisée, se basera sur une approche participative et  inclura notamment:

  • Documentation : La consultation de l’ensemble des documents utiles liés aux thématiques couvertes par l’étude;
  • Rencontres et mission sur le terrain : visites auprès des intervenants-clé, rencontres avec les équipes du PNUD et FAO sur le terrain, les autorités locales impliquées dans la mise en œuvre des projets, les partenaires et les bénéficiaires;
  • Focus groups et consultations de toute autre personne ressource que le consultant jugera nécessaire.

Il est prévu un temps de travail au bureau du PNUD à Goma ainsi que des visites dans les différents sites envisagés pour la traction bovine dans la province du Nord Kivu (Masisi et Rutshuru), sous réserve des évolutions de la situation sécuritaire.

En cas d’impossibilité de se rendre dans le territoire de Rutshuru, le consultant devra prévoir de faire appel à des personnes ressources (ONGs, universitaires, églises…) pouvant lui fournir les informations nécessaires pour élaborer son étude sur cette zone.
Pendant toute la durée de l’étude, le consultant pourra bénéficier de l’appui et de l’assistance du sous-bureau du PNUD à Goma.
Une  restitution des conclusions de l’étude doit être organisée à Goma en fin de mission.

Résultats principaux attendus de l’étude:

  • Les aspects socio-culturels et les conflits existants et potentiels liés à la gestion du gros bétail et la répartition du travail entre hommes et femmes, suivant la culture locale dans les zones ciblées, sont identifiés et connus.
  • Les risques socio-culturels et l’influence sur les conflits actuels/potentiels, associés aux différentes formes possibles d’organisation de l’activité de diffusion de la traction bovine du projet, au bénéfice des femmes sont analysés.
  • Au regard des aspects socio-culturels locaux et de la sensibilité aux conflits (cf deux points précédents), des recommandations les plus précises possible sont formulées pour garantir les chances de réussite de la diffusion de la traction bovine au bénéfice des femmes, avec une attention particulière sur

Rapports:

Il est attendu du prestataire au terme de la mission, les rapports suivants, rédigés en français:

Un rapport d’étude complet reprenant différentes sections relatives aux trois objectifs de l’étude:
  • Etude monographique sur : (i) Gestion du gros bétail ; (ii) Répartition du travail/ressources/pouvoir entre sexes au sein du ménage et de la communauté ; (iii) Expériences passées de traction bovine
  • Analyse des risques et de la sensibilité aux conflits des différents systèmes possibles: (i) Présentation des différentes stratégies possibles pour la traction bovine ; (ii) Analyse des risques; (iii) Analyse de la sensibilité aux conflits.
  • Recommandations, afin de choisir le meilleur système en vue de garantir (i) l’autonomisation féminine et l’équité du genre ; (ii) la pérennisation du projet ; (iii) l’appropriation locale/nationale.
Un rapport de consultation reprenant un chronogramme des activités réalisées, le compte-rendu des activités menées (focus groups, rencontres, enquêtes, réunions, ateliers,…), la liste des personnes rencontrées avec leurs contacts.

Le rapport provisoire de la mission sera partagé avec la coordination Provinciale du Programme de lutte contre la pauvreté Goma et les autres parties prenantes pour commentaires au plus tard 5 jours après la fin de la visite de terrain. Les commentaires des parties prenantes au projet seront transmis au consultant dans les 5 jours suivant la remise du rapport provisoire. Le rapport final intégrant les commentaires devra être transmis sous version papier et version électronique au plus tard quinze (10) jours après la fin des visites de terrain.

Durée et localisation

L’étude s’étendra sur une durée maximale de 21 jours calendrier, y compris la phase préparatoire, la phase des visites de terrain et celle du rapportage et restitution.
Pour la durée de la mission au Nord Kivu, le consultant débutera par un briefing au bureau du PNUD à Goma, avant de  poursuivre les autres étapes de l’étude. Un calendrier précis des déplacements sera élaboré en collaboration avec l’équipe du Programme Pauvreté Goma et en tenant compte des contraintes logistiques et sécuritaires.
Démarrage souhaité le plus tôt possible.

Modalités de paiement

  • Tranche 1 : 20% des honoraires après acceptation de la méthodologie détaillée
  • Tranche 2 : 40% des honoraires à la remise des deux rapports provisoire
  • Tranche 3 : 40% des honoraires après acceptation des deux rapports finaux

Competencies

Aptitude interactives :

  • Etablit des normes et objectifs de performance et assume les responsabilités y afférentes.

Orientation sur les Résultats :

  •  Planifie et produit des résultats de qualité pour atteindre les objectifs visés.

Communication :

  • Démontre de bonnes aptitudes de communication écrite et orale.

Required Skills and Experience

Education:

  • Etre titulaire d’un diplôme universitaire de maitrise en sociologie (du développement), anthropologie, sciences sociales, ou équivalent.
  • Avoir des connaissances et expériences avérées dans le domaine de : la résolution pacifique de conflit et la cohésion sociale autour de projets de développement ; l’intégration de l’approche genre dans les projets de développement ; les actions visant l’autonomisation de la femme en milieu rural ; la prise en compte des aspects liés au VIH/SIDA ; la prise en compte de l’environnement... en zone post-conflit.

Expérience:

  • Justifier d’au moins 7 ans d’expérience dans le domaine de la recherche-action socio-anthropologique en appui au développement communautaire.
  • Justifier d’au moins 5 ans d’expérience dans le domaine : de la prise en compte du genre dans les projets de développement ; de l’autonomisation des femmes.
  • Justifier d’au moins 7 ans d’expérience dans le domaine de la résolution pacifique des conflits et la cohésion sociale dans le contexte de la RDC.
  • Justifier d’une expérience confirmée dans la réalisation de missions similaires.
  • Justifier d’expériences dans l’est de la RDC.

Connaissances linguistiques et du milieu:

  • Maîtrise indispensable de la langue française tant à l’écrit qu’à l’oral.
  • La connaissance du milieu est indispensable.
  • La connaissance des langues locales sera considéré comme un atout.