Background

L’épidémie de VIH au Cameroun est généralisée, se distinguant par une prévalence moyenne du VIH de 4,3% dans la population des 15-49 ans (EDS IV 2011). Selon les estimations et projections épidémiologiques effectuées à l’aide du logiciel EPP- Spectrum 2017, l’évolution de la prévalence ces dernières années a une tendance à la baisse, allant de 4,3% en 2012 à 3,8% en 2016. Elles indiquent en 2016 un nombre de PVVIH de 560 000 et un nombre de nouvelles infections à VIH à 32 000.

Les tendances montrent que quel que soit l’âge, la prévalence du VIH chez les femmes est supérieure à celle des hommes, et en général supérieure à la prévalence globale. Chez les 15-24 ans, tout intervalle de confiance égale par ailleurs, on note une stabilisation de la prévalence depuis 2012 (1,1% chez les garçons et 1,9% chez les filles). Chez les plus de 15-49 ans, les prévalences chez les femmes et les hommes sont respectivement passées de 5,7% et 3,0% à 5,1% et 2,5% entre 2012 et fin 2016.

Globalement l’évolution de la prévalence au cours des années a une tendance à la baisse. Selon EDS, entre 2004 et 2011, la prévalence du VIH dans la population générale est passée de 5,5% [5,1-5,9] à 4,3% [3,9-4,6], soit une baisse d’environ 22% (p<0,001). L’amplitude de cette baisse est toutefois différente chez les hommes et les femmes, puisque la prévalence est passée de 4,1% [3,6-4,6] à 2,9% [2,5-3,2] chez les hommes et de 6,8% [6,1-7,4] à 5,6% [5,1-6,1] chez les femmes (diminutions relatives de 32% et 17%, respectivement).

L’incidence de l’infection par le VIH et la mortalité spécifique liée à l’infection par le VIH peuvent expliquer cette différence entre les sexes, la prévalence du VIH étant en effet déterminée par l’apparition de nouvelles infections (incidence) et la perte d’infections anciennes (mortalité).

Le groupe de « sexe hétéro à faible risque » (couples stables) et le groupe des clients des professionnelles de sexe (PS) constituent les moteurs reconnus de l'épidémie avec une contribution à hauteur de 80% des nouvelles infections. Par ailleurs, les estimations du nombre de nouvelles infections entre 2012 et 2016 indiquent que les jeunes de 15-24 ans ont toujours été des moteurs de l’épidémie et le resteront jusqu’en 2020, ils continueront à contribuer au moins de moitié dans l’épidémie à VIH.

Concernant la mortalité, le nombre total estimé de décès liés au VIH est passé de 28 000 en 2012 à 31 000 en 2015 avant de baisser pour atteindre 29 000 en 2016. Les projections par EPP-Spectrum jusqu’en 2021 font observer que la mortalité continuera de baisser considérablement pour atteindre 8 000 en 2021 si les stratégies mises en place et les résultats actuels sont maintenus.

Sur un tout autre plan, l’état de santé et des droits humains des populations camerounaises en général, et des femmes en particulier, reste peu satisfaisant au regard des indicateurs dans les différents secteurs de la vie nationale. Le Cameroun fait face à une dégradation de la santé maternelle, passant de 430 décès pour 100.000 naissances en 1998, à 669 en 2004 et 782 en 2011 (EDS II, III et IV). Pour le VIH, la prévalence est de 5,1% au Cameroun contre une moyenne de 4,5%  en Afrique subsaharienne pour les 15-49 ans.  Cette prévalence est plus élevée chez les femmes/filles que chez les hommes/ garçons (5,6% contre 2,9%). La forte prédominance des violences sexistes et des pratiques culturelles néfastes sont, entre autres, à l’origine de ces chiffres  alarmants aussi bien pour le VIH que pour la santé de la reproduction. L’impact des Violences Basées sur le Genre sur la féminisation du VIH/Sida et la mortalité maternelle s’expliquent par des facteurs biologiques, socioculturels et économiques.

 

Pour ce qui est de l’impact de l’épidémie du VIH sur les femmes,  les statistiques existantes indiquent que près du tiers des femmes ont  été victimes de  violences sexuelles au cours de leur vie, les exposant à un risque élevé de transmission du VIH/SIDA. A ce jour, l’utilisation du préservatif reste le moyen le plus sûr de se prémunir contre le VIH/Sida en dehors de l’abstinence. Au Cameroun, les données de l’EDS/MICS 2011 indiquent que près de 41% des femmes non en union et seulement 10% de celles qui sont en union ont déclaré avoir utilisé des préservatifs au cours des 12 derniers mois ayant précédé l’enquête. Or, le multi partenariat sexuel et le fait d’avoir des rapports sexuels payants sont assez répandus, surtout chez les jeunes. La polygamie étant aussi légalisée dans le pays, le réseau sexuel se densifie et la transmission du VIH/Sida est assez rapide en cas de contamination d’un partenaire, exposant davantage les femmes et les filles. Plus du cinquième des femmes vivent dans des mariages polygames dans les régions de l’Extrême Nord (32%), de l’Adamaoua (24%), du Nord (25%) et de l’Ouest (20%). On note aussi qu’avant d’atteindre 15 ans, 21 % des femmes de 25-49 ans avaient déjà eu des rapports sexuels et cette proportion est de 81% avant d’atteindre 20 ans. La plupart du temps, elles ont des rapports sexuels avec des partenaires beaucoup plus âgés ne leur permettant pas de négocier le port du préservatif ou de contrôler leur sexualité.

Selon l’OMS (2005), les femmes meurent pour un grand nombre de causes, directement ou indirectement liées à la grossesse, à l’accouchement ou lors du post-partum. Dans le monde, 80% des décès environ sont dus à des causes directes. Au Cameroun, les décès maternels représentent 22 % de tous les décès de femmes de 15-49 ans (EDS/MICS 2011) et le taux de mortalité maternelle reste un des plus élevés en Afrique et dans le monde. Les violences faites aux femmes ont un impact direct sur les décès maternels, notamment les trois retards que sont le retard dans la décision de rechercher des soins médicaux; retard dans l’arrivée au lieu où sont délivrés ces soins; et retard dans la délivrance de soins au centre médical. 

Ainsi,  les violences  basées sur le Genre ont un impact important sur la propagation de l’épidémie du VIH et la mortalité maternelle dans un pays comme le Cameroun. L’impact des violences sur la santé de la femme est encore plus important lorsque celle-ci réside dans les régions de  l’Extrême Nord, du Nord et  du Sud-ouest; lorsqu’elles n’ont pas un niveau d’instruction suffisant ; quand elles ont une faible rémunération et vivent en milieu rural.

Dans le cadre de la mise en œuvre de sa Note Stratégique pour la période 2018-2030, l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU Femmes) est engagée dans la lutte contre le VIH et SIDA à travers la prise en compte du genre dans les programmes et budgets y relatifs.

L’un des résultats prioritaires de ce programme est de mieux cerner l’impact du VIH SIDA sur la mortalité maternelle et de proposer des solutions  pour réduire ce phénomène. C’est  dans ce cadre qu’une étude nationale sur  les déterminants socio-culturels des Violences Basées sur le Genre et pratiques culturelles néfastes et leur impact sur le VIH/SIDA chez les femmes et filles en lien avec la mortalité maternelle sera menée par ONU Femmes au cours de l’année 2018. C’est à cet effet qu’ONU Femmes Cameroun recherche un consultant national (Individus) qualifié pour conduire cette étude qui permettra de proposer des solutions concrètes afin de réduire considérablement la tendance à la féminisation du VIH dans le pays et partant la mortalité maternelle y associée.

Duties and Responsibilities

Objectifs

Objectif général de l’étude

L’objectif global  de l’étude est envisagée est de tracer un lien entre les Violences basées sur le genre et pratiques traditionnelles néfastes, le VIH et SIDA chez les femmes et filles et la mortalité maternelle. En somme, il s’agira de faire une appréciation globale et qualitative  de la situation du VIH chez les femmes et les filles afin de déterminer les facteurs/pratiques socio-culturels y compris les Violences basées sur le Genre qui impactent sur  le niveau de prévalence élevée de la pandémie chez les femmes et filles et augmentant la mortalité maternelle.

Objectifs spécifiques

De manière plus spécifique, l’étude vise à:

  • Dresser un profil qualitatif du VIH et SIDA chez les femmes et les filles par région, adossé sur les données quantitatives disponibles
  • Répertorier toutes les types de Violences basées sur le Genre et principales  pratiques socio culturelles qui impactent sur la propagation du VIH chez les femmes et filles ainsi que les acteurs concernés ;
  • Déterminer les conséquences réelles des pratiques socio-culturelles et des Violences basées sur le Genre sur les différents aspects de la santé des femmes et filles y compris le VIH ;
  • Dresser un tableau statistique des cas de mortalité maternelle due au VIH et aux violences sexistes et faire une analyse en lien avec les 3 retards
  • Identifier les principaux acteurs et actions menées ainsi que leurs forces et faiblesses
  • Répertorier les stratégies ciblées par acteurs et transversales à traduire en actions concrètes pour lutter contre les pratiques négatives et violences qui impactent sur le VIH et SIDA chez les femmes et filles ;
  • Proposer des solutions concrètes pour réduire la mortalité maternelle due au  VIH et les violences basées sur le genre et pratiques socio-culturelles y associées.

Résultats attendus de l’étude

Afin d’avoir un tableau clair de la situation actuelle du VIH et SIDA chez les femmes et filles en lien avec les Violences sexistes et pratiques culturelles néfastes à la santé de la mère, les résultats attendus de l’étude sont :

  • Un profil qualitatif du VIH et SIDA chez les femmes et les filles par région, adossé sur les indicateurs  disponibles (issus des enquêtes)
  • Un répertoire des types de Violences basées sur le Genre et principales  pratiques socio culturelles qui impactent sur la propagation du VIH chez les femmes et filles ainsi que les acteurs concernés
  • Une analyse des conséquences réelles des pratiques socio-culturelles et des Violences basées sur le Genre sur les différents aspects de la santé des femmes et filles y compris le VIH
  • Un tableau statistique des cas de mortalité maternelle due au VIH et aux violences sexistes et une analyse en lien avec les 3 retards
  • Une cartographie des principaux acteurs et actions menées dans ce domaine ainsi que leurs forces et faiblesses
  • Une liste de stratégies ciblées par acteurs et transversales à traduire en actions concrètes pour lutter contre les pratiques négatives et violences qui impactent sur le VIH et SIDA chez les femmes et filles
  • Une liste de propositions concrètes pour réduire la mortalité maternelle due au  VIH et les violences basées sur le genre et pratiques socio-culturelles y associées.

 Mandat du/des consultants

Sous la coordination générale du Spécialiste de Programmes, et la supervision directe du Chargé de Programmes Gouvernance à ONU Femmes, le  consultant  aura pour mandat général de conduire l’étude sus décrite. A cet effet, il conduira une analyse ou une évaluation en profondeur de la situation permettant de faire une appréciation globale et qualitative  de la situation du VIH chez les femmes et les filles afin de déterminer les facteurs/pratiques socio-culturels y compris les Violences basées sur le Genre qui impactent sur  la mortalité maternelle.

De manière plus spécifique, le consultant devra effectuer les tâches suivantes :

  • Prendre connaissance des TDR de l’activité, de la documentation internationale et nationale pertinente sur le  VIH, le Genre et la Santé Maternelle;
  • Elaborer une note méthodologique qui présente clairement les différentes étapes de l’étude, les instruments et outils utilisés ;
  • Organiser une session multi acteurs de validation de la démarche méthodologique ;
  • Analyser le contexte national de la féminisation du VIH au Cameroun ;
  • Identifier les acteurs et actions en cours et mesurer leurs forces, faiblesses, opportunités et menaces ;
  • Fournir des informations sur les priorités stratégiques, les aptitudes actuelles, les ressources et les lacunes ;
  • Aider à identifier les domaines prioritaires et dresser un tableau d’actions pertinentes.

Résultats et produits attendus du prestataire

  • Une note méthodologique faisant des propositions claires et précises sur les différentes étapes, les instruments et outils utilisés
  • Un rapport d’étude faisant état d’une analyse de situation et des propositions concrètes sur la réduction de la prévalences du VIH chez les femmes et filles en lien avec la mortalité maternelle.
  • Un rapport final de la consultation.

Approche Méthodologique

La méthodologie de travail reposera sur les orientations du  Guide de recrutement des consultants du SNU et sur les axes suivants :

• Séances de travail préparatoire et de mise au point avec l’équipe de suivi de l’étude et les chargés de programmes d’ONU Femmes ;

• Travail en étroite collaboration avec l’équipe de suivi de l’étude et les chargés de programmes ONU Femmes ;

• Entretiens avec les responsables du projet ;

• Exploitation des documents/  et rapports existants

• Rencontre avec les partenaires ;

Rôle d’ONU Femmes

Fournir le matériel et la documentation nécessaire • Assurer le suivi de la qualité de l’activité                   • Mettre à disposition toute information nécessaire • Introduire le Consultant auprès des partenaires à rencontrer • Faciliter les missions éventuelles dans les pays.

Competencies

Compétences professionnelles:

  • Professionnalisme: Connaissance et compréhension de l’approche opérationnelle des Nations Unies dans le pays pour la coopération pour le développement. Capacité à comprendre les problèmes, identifier les besoins d’informations nécessaires, conduire la collecte des données, analyser les données et conduire des discussions techniques avec acteurs de la prise de décision pour proposer des solutions au problème. Capacité de porter un jugement dans le contexte des tâches assignées, et de travailler sous pression. Faire montre de persévérance et de calme dans les situations stressantes. Aptitude à répondre positivement aux commentaires et points de vue différents. Consciencieux et efficace dans le respect des engagements, respecter les délais et obtenir des résultats.
  • Planification et organisation: Développe des objectifs clairs qui soient compatibles avec les résultats attendus. Hiérarchise les activités et tâches prioritaires, et les ajuste si nécessaire. Alloue le temps et les ressources nécessaires pour mener sa tâche en prévoyant les risques et élabore un plan d'urgence en conséquence. Suit et ajuste les plans si nécessaire, et utilise efficacement son temps.
  • Responsabilité: Assumer ses responsabilités et honore ses engagements. Rend les livrables dans les normes de qualité prescrites, de coût et les délais impartis. Fonctionne en conformité avec les règlements de l'organisation et des règles. Assume la responsabilité de ses manquements.

Required Skills and Experience

  • Individus disposant d’un diplôme universitaire avancé (Minimum Master 2 ou équivalent) en sciences sociales, en santé publique, démographie, ou tout autre domaine connexe.
  • Au moins sept (07) années d'expérience dans les techniques d’analyse de données qualitatives et dans le domaine du genre et du VIH
  • Justifier d’une bonne connaissance du fonctionnement du mécanisme institutionnel national de lutte contre le VIH et du genre et des textes y relatifs. La connaissance du fonctionnement des mécanismes étrangers est un atout.
  • Avoir une expérience dans la rédaction des documents d’études
  • Excellente connaissance du contexte sanitaire, y inclus des interventions du Gouvernement, de la société civile et des PTF en matière de genre et du VIH
  •  Disposer d’une expérience dans l’utilisation des ordinateurs et logiciels (MS Word, Excel, Powerpoint, etc)
  • L’expérience de travail avec ONU Femmes est un atout.