Historique

Haïti est, à l’échelle mondiale, le troisième pays le plus touché par les événements climatiques[1]. Les catastrophes liées aux conditions météorologiques auraient entraîné des dommages et des pertes estimés annuellement à environ 2 % du PIB de 1975 à 2012[2]. Plus récemment, le cyclone Mathieu qui a frappé le pays en octobre 2016 a causé de lourds dommages estimés, par le PDNA (évaluation post désastre), à 2,8 milliards de dollars américains[3].

La forte exposition de la population haïtienne aux catastrophes naturelles exacerbe les risques sous-jacents découlant des vulnérabilités « multidimensionnelles » liées notamment aux conditions économiques et sociales mais aussi au contexte culturel. En Haïti, les groupes vulnérables (bien souvent les femmes, les enfants, les personnes âgées, les personnes handicapées et les familles les plus pauvres) vivent dans une insécurité chronique. Par ailleurs, la localisation géographique accentue les vulnérabilités notamment dans les sections communales rurales reculées ou difficiles d’accès à l’instar des zones côtières.

Face à ces risques connus qui exposent le pays à des vulnérabilités chroniques, l’État Haïtien s’est engagé progressivement dans une démarche systémique de réduction des risques et désastres depuis près de deux décennies. En effet, depuis 1999, une réforme institutionnelle a abouti à l’élaboration d’un plan national de gestion des risques et des désastres (PNGRD) et la mise en place d’un système national de gestion des risques et des désastres (SNGRD). Le système est doté de structures d’orientation stratégiques et techniques à tous les niveaux avec comme entité opérationnelle, la Direction de la Protection Civile (DPC). Dans sa mission, cette direction a pour mandat d’assister la population face aux menaces aussi bien naturelles qu’anthropiques. L’approche « sécurité humaine » intervient en support à la prévention aux menaces et risques divers de sorte à préserver la vie de chaque personne. Protéger les individus contre les menaces environnementales passe par la connaissance et la détention d’informations claires et précises sur les individus et sur les risques qui mettent en péril leurs vies et leurs biens, d’où la nécessité de compiler et de gérer les informations liées aux pertes et dommages causés par les désastres et le changement climatique.  

La compilation et la gestion de ces informations nécessitent un système d’information dynamique et interactif qui fait le lien avec la plateforme Haiti Data qui contient des données SIG et cartographiques sur Haïti. Le système de gestion de données doit s’aligner sur les objectifs et priorités de l’État, surtout de la DPC et de ses institutions partenaires, telles que le Centre National d’Informations Géo-Spatiales (CNIGS). Il doit privilégier l’approche « bottom-up » où les populations ont un rôle central dans la collecte des données. En effet, les individus, de par leur connaissance du milieu, constituent une source d’information essentielle pour la collecte des données relatives aux impacts des catastrophes naturelles. La qualité des données du système d’information contribue à faciliter la prise de décision à tous les niveaux, surtout au niveau stratégique.

Le système d’information viendra renforcer les actions déjà menées par l’État haïtien au lendemain du tremblement de terre de 2010 pour collecter et gérer les données liées aux pertes et dommages causés par les désastres. Il contribue à combler les besoins en termes de prévention, de préparation et de gestion de la réponse.

Le PNUD de concert avec l’UNESCO et l’ONU-FEMMES et des acteurs étatiques tels la Direction de la Protection Civile (DPC) du Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales (MICT), la Direction Départementale de l’Éducation nationale (DDE) du Ministère de l’Éducation et de la Formation Professionnelle (MENFP), le Ministère à la Condition Féminine et aux Droits de la Femme (MCFDF), entre autres, mettent en œuvre un projet visant à accroitre la sécurité humaine face aux risques de catastrophes en Haïti. Le projet a un double objectif : contextualiser, informer et sensibiliser sur l'approche de la sécurité humaine auprès des acteurs du SNGRD mais aussi des partenaires techniques et financiers intervenant dans le secteur de la GRD (y compris l'Équipe pays des Nations Unies) afin de faire progresser son impact opérationnel sur le terrain via les acteurs locaux (autorités communales, départementales, organisations communautaires, en particulier des organisations de femmes et d'autres groupes marginalisés). Les données précises et multidimensionnelles par rapport aux insécurités qui affectent les individus sont nécessaires pour une meilleure prise en compte de leur situation surtout dans les politiques de prévention. Il s’avère donc nécessaire de renforcer le système national de gestion des risques et des désastres en le dotant de capacités pour compiler et gérer des données liées aux risques et désastres et au changement climatique.

Ainsi, le PNUD avec un financement de l’UNTFHS (Fonds des Nations Unies pour la Sécurité Humaine) est en recherche d’un (e) consultant (e), spécialiste (e) en système d’information géo-référenciée et dans la gestion de base de données.

[1] Germanwatch, Global Climate Risk Index, 2016, 32p.

[2] http://earlyrecovery.global/sites/default/files/evaluation_rapid_des_impacts_de_matthew_version_preliminaire.pdf.

[3] MPCE, Post Disaster Needs Assessment (PDNA), janvier 2017.

Devoirs et responsabilités

Responsabilités

Le/la consultant (e) sera placé (e) sous l’autorité de la directrice adjointe des Programmes du PNUD en Haïti et sous la supervision directe du coordonnateur de projet et devra travailler en étroite collaboration avec les cadres de la DPC et du CNIGS. Le/la Consultant (e) aura pour tâches de :

  • Proposer un calendrier pour la consultation respectant les délais fixés ;
  • Évaluer les travaux déjà réalisés dans la compilation et la gestion de données liées aux risques et désastres et au changement climatique avec l’appui des cadres de la Direction de la Protection Civile et du Centre National de l'Information Géo-Spatiale ;
  • Définir les caractéristiques des données à collecter et le rythme de mise à jour de la base de données en prenant en compte le genre, les jeunes et les personnes handicapées dans la conception et la réalisation de la base de données ;
  • Définir les lignes de contrôle des données – de la collecte à leur insertion dans la base de données ;
  • Réaliser des visites dans les dix départements du pays en partenariat avec la DPC pour identifier les données liées aux risques et désastres et au changement climatique propres aux régions ;
  • Former des cadres du système national de gestion des risques et des désastres et des institutions partenaires sur la manipulation et la gestion de la base de données ;
  • Proposer un draft du système d'information et les questionnaires de la base de données à la DPC et au PNUD avec l’appui du CNIGS pour validation ;
  • Insérer les données disponibles et celles collectées lors de la visite dans les régions dans le masque de saisie et soumettre à la DPC et au PNUD les résultats aux fins d’appréciation.

Produits attendus

La mission s’articulera autour des produits suivants :

  • Une base de données fonctionnelle (web-base platform) intégrant les données des pertes et dommages liées aux risques et désastres et au changement climatique en lien avec la plateforme Haiti Data ;
  • Un guide sur l’utilisation de la base de données ;
  • Les cadres de la DPC et d’autres institutions partenaires sont formés sur l’utilisation (extraire des résultats et mettre à jour les données) de la base de données.

Réception des livrables et paiements

  • Un document présentant la démarche à adopter et un chronogramme détaillé pour la conduite de la consultation : (30% - À la réception et approbation du document) ; 
  • Une ébauche de plateforme (web-base platform) pour compiler les données et des outils de collecte de données sont soumis : (30% - À la remise de ces travaux) ;
  • Une base de données avec les informations disponibles et collectées pendant la consultation est remise : 
  • Les cadres de la DPC et d’autres institutions partenaires sont formés à l’utilisation de la base de données. Formation approuvée par la DPC et le CNIGS; 
  • Un rapport de consultation est remis au PNUD: (40% - À la réception et la validation du rapport final par la DPC). 

Le paiement des honoraires du /de la consultant (e) se fait en trois versements. Ces paiements lui seront versés après la remise des produits et rapports tel qu’indiqué dans le tableau ci-dessus.

Durée de la consultation

La période de consultation est de 6 mois.

Affectation du consultant/de la consultante

Le/La consultant (e) sera basé (e) dans les bureaux du PNUD. Il/Elle entretiendra des relations avec les cadres de la DPC et du CNIGS et effectue des déplacements sur le terrain. Les visites de terrain seront à la charge du consultant.

 

 

Compétences

Compétences globales :

  • Compétences prouvées dans la conception et le montage de système d’information ;
  • Intérêt pour la compilation et la gestion de données liées aux risques et désastres et au changement climatique ;
  • Familiarité avec les villes de province et les zones reculées d’Haïti.

Compétences Fonctionnelles :

  • Connaitre et comprendre la réalité environnementale et culturelle d’Haïti ;
  • Avoir la capacité de concevoir et de mettre en place une base de données pour des institutions, les institutions publiques seraient un atout (exemples à fournir par le consultant) ;
  • Avoir une bonne compréhension des risques auxquels est exposé le pays ;
  • Avoir une bonne compréhension de la problématique du changement climatique et de ses conséquences sur un pays comme Haïti ;
  • Avoir la capacité d’utiliser la diplomatie dans la recherche d’informations ;
  • Écrire et parler couramment le français et le créole, l’anglais est un plus ;
  • Avoir de bonnes compétences d’analyse et la capacité à travailler avec des personnes de formations diverses ;
  • Avoir la capacité de faire la livraison dans les délais définis.

Qualifications et expériences requises

Éducation :

  • Avoir au moins un diplôme d’études supérieures de niveau maitrise en sciences informatiques, gestion de bases de données, système d’information géo-référencié, développement d’application ou dans un domaine connexe.

 Expériences :

  • Avoir élaboré des bases de données pendant les cinq dernières années ;
  • Avoir conçu des plateformes de compilation et de traitement de données provenant de sources diverses ;
  • Avoir des compétences prouvées dans la conception de système de collectes de données intégrant à la fois les appareils intelligents et le support papier ;
  • Avoir déjà élaboré des bases de données pouvant intégrer des données géolocalisées ;
  • Avoir mené des évaluations de terrain afin d’identifier les types de données à collecter et les codifier ;
  • Avoir l’habitude de travailler avec des personnes qui ont peu de formations à l’utilisation d’outils de collectes de données, un plus;

Documents à soumettre dans le dossier de candidature :

Les intéressés devront soumettre les documents suivants :

Proposition technique

  • CV détaillé et diplôme;
  • Note explicative sur la compréhension des termes de références de la mission et les motivations de la candidature ;
  • Brève présentation de l’organisation de la mission ;

Proposition financière

  • La proposition financière doit être forfaitaire (lump sum) et formulée en HTG.

Il est recommandé aux candidats (es) de préciser la ventilation du montant forfaitaire en indiquant le coût du transport, les frais de séjours, les honoraires en tenant compte du nombre de jours de travail prévus.

Le réalisme des coûts indiqués pour le voyage pourra être vérifié par le PNUD sur la base des prix du marché pour les trajets concernés.

Toute dépense non prévue dans les termes de référence ou dans l’offre financière acceptée par le PNUD devra être convenue entre le bureau du PNUD en Haïti et le/la consultant (e).

Les paiements seront réalisés sur la base des produits livrés et des besoins préliminaires à la mission.