Background

Vaste pays d’Afrique Centrale (623 000 Km2), avec une population de plus de 4,5 millions d’habitants, la République Centrafricaine (RCA) est marquée depuis son indépendance par une succession de crises politico-militaires caractérisées par de graves violations des droits de l’homme, des pillages et des destructions systématiques des édifices publics et privés. La situation s’est aggravée avec la récente crise violente qui a abouti en mars 2013 à un coup d’état par la coalition SELEKA. Ce renversement de l’ordre constitutionnel a été suivi d’assassinats et d’autres graves violations des droits de l’homme. La montée en puissance de la milice Antibalaka et la constitution de nombreux « groupes d’autodéfense » en réaction à la coalition Seleka ont conduit à des exactions et à des règlements de compte sur la population civile. La crise humanitaire qui en est résultée est sans précédent dans l’histoire du pays.

En raison de la complexité de la situation et de la vigueur des affrontements communautaires engendrés par la crise, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a décidé le 10 avril 2014, par sa résolution 2149 du déploiement d’une opération de maintien de la paix en RCA. La protection des civils, le rétablissement de l’ordre public, l’appui à l’accès humanitaire, la surveillance du respect des droits de l’Homme et la lutte contre l’impunité  constituent les principaux axes du mandat de la MINUSCA. Ce dernier prévoit, au rang des tâches prioritaires, un appui aux autorités nationales pour arrêter et traduire en justice les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis dans le pays, le renforcement des capacités de l’appareil judiciaire et des institutions nationales de défense des droits de l’homme.

Sur le plan du renforcement de l’Etat de droit, le PUND et la MINUSCA travaillent dans l’esprit et l’approche du  Point Focal Global (GFP) dans le cadre de la mise en œuvre du Projet conjoint d’Appui à la Lutte contre les Violations des Droits de l’Homme et à la Relance de la Justice en Centrafrique (PNUD-MINUSCA-ONUFEMMES). Afin de répondre au constat unanimement partagé par divers partenaires techniques et financiers selon lequel le système judiciaire centrafricain est totalement dysfonctionnel, dépourvu de tous moyens de fonctionnement et caractérisé notamment par le manque de professionnels suffisamment qualifiés, le Projet conjoint apporte une assistance technique et logistique aux autorités nationales dans leurs efforts pour rendre les Cours et Tribunaux opérationnels et accessibles aux justiciables. Une telle assistance se traduit notamment par l’organisation de diverses sessions de formation spécifiques pour renforcer les capacités fonctionnelles des acteurs de la chaine pénale, notamment les magistrats, les greffiers des juridictions et le personnel pénitentiaire.

Afin d’agir plus durablement dans la lutte contre l’impunité, qui suppose en effet que ceux qui ont la charge de l’administration de la justice et de l’exécution des décisions judiciaires, disposent des aptitudes techniques requises, des réflexes et engagements éthiques nécessaires pour bien exercer leurs fonctions, la formation initiale dispensée aux acteurs judiciaires et pénitentiaires par l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM) a suscité un questionnement tant en ce qui concerne les aptitudes pédagogiques des formateurs que la qualité des modules de formation. Cette entité étatique en charge de la formation et du perfectionnement des cadres de l’administration publique, des magistrats, des auxiliaires de justice et du personnel pénitentiaire, est confrontée à de réelles difficultés qui limitent son aptitude à assurer sa mission. A cet effet, un diagnostic de l’ENAM axé sur la formation des acteurs judiciaires et pénitentiaires, réalisé par la

MINUSCA (février 2016), a mis en exergue les nombreuses défaillances et difficultés qui limitent les capacités opérationnelles de cette institution. Les recommandations contenues dans cet état des lieux ont été amendées et validées au cours d’un atelier organisé en février 2016 et un plan de renforcement institutionnel et opérationnel de l’ENAM a été rédigé à partir des travaux dudit atelier.

Dans la perspective d’appuyer la restauration de l’Etat de droit et le renforcement des capacités des institutions judiciaires, le PNUD et  la MINUSCA, dans le cadre de la mise en œuvre du Projet conjoint de lutte contre les violation de droits de l’homme et de relance de la justice en RCA, en collaboration avec le Comité de coordination de la formation des acteurs judiciaires du Ministère de la Justice, apportent un appui technique et logistique à l’ENAM afin d’améliorer la qualité de la formation des acteurs judiciaires et pénitentiaires. Entre autres actions et interventions envisagées dans le volet technique de cet appui à l’ENAM, l’organisation d’une session de formation des formateurs, eu égard aux constations suivantes:

  • La majorité des formateurs n’ont jamais été recyclés ou n’ont jamais reçu une formation de formateurs;
  • L’inexistence de programme de formation établissant des méthodes pédagogiques et académiques en lien avec la formation des acteurs judicaires et pénitentiaires;
  • Le fonctionnement à bas régime du conseil pédagogique;
  • Le profil des formateurs non défini,
  • Les critères de recrutement, de motivation et d’évaluation des formateurs non établis;
  • Les formateurs sont des vacataires et n’ont aucune implication effective dans la planification pédagogique;
  • L’absence ou l’insuffisance de compétences ou d’aptitudes pédagogiques pour orienter stratégiquement l’Ecole;
  • Les enseignements dispensés ne s’inscrivent pas suffisamment dans la philosophie d’une transmission des capacités fonctionnelles liées à l’exercice d’un métier de corps judiciaire ou pénitentiaire (magistrat ou greffiers).

La formation de formateurs représente un outil essentiel qui peut intervenir comme un recyclage visant une mise à niveau avec les nouvelles approches pédagogiques ou comme une activité de certification pour attester des connaissances du formateur sur plusieurs méthodes ou systèmes d’apprentissage. Dans le cadre de l’ENAM, ses formateurs représentent un atout sur lesquels il faut capitaliser afin d’améliorer la qualité de la formation des acteurs judiciaires et pénitentiaires. Le besoin de leur faire bénéficier d’une formation aux techniques modernes d’ingénierie de la formation et à l’andragogie rentre dans le cadre de la mise en œuvre du plan de renforcement institutionnel et opérationnel de l’ENAM.

Dans cette perspective, le PNUD recrute un (e) consultant (e) international(e) ou un institut spécialisé de formation de formateurs en vue de l’organisation d’un atelier de formation de deux (2) semaines à l’intention des formateurs de l’ENAM. Cette formation devra leur permettre de contribuer efficacement à la construction du dispositif pédagogique de l’ENAM en vue du développement des programmes de formation initiale et continue des acteurs judiciaires et pénitentiaires

Impact et résultats attendus

La Direction des études et autres responsables de l’ENAM en charge de la formation continue et la formation initiale des acteurs judiciaires et pénitentiaires seront formés en « Ingénierie de la formation, la gestion et la mise en œuvre et l’évaluation d’un programme de formation ».

La formation des formateurs de l’ENAM permettra à ces derniers de construire une attitude pédagogique imprégnée de l’approche moderne de la formation des adultes qui exige une bonne capacité d’adaptation, de flexibilité, d’écoute, de communication et d’interaction. Comme résultat, les bénéficiaires sauront comment un bon formateur est en mesure de combiner les méthodes éducatives proactives avec son savoir-faire et savoir-être.

Duties and Responsibilities

Principales fonctions:

Sous la supervision du Conseiller Technique Principal (CTP) Justice et en étroite collaboration avec l’équipe du Projet conjoint, la Direction générale de l’ENAM et le Comité de la coordination de la formation des acteurs judiciaires du Ministère de la justice, le/la consultant(e) ou l’institut de formation recruté fournira un appui technique et pédagogique en matière d’ingénierie de la formation et de gestion d’une direction d’études aux responsables de l’ENAM en charge de la formation initiale et de la formation continue à l’ENAM. Il introduira le personnel enseignant de l’ENAM aux grandes questions pédagogiques qui ont fait l’histoire des sciences de l’éducation et particulièrement l’éducation des adultes. Il leur fera un passage en revue des divers modèles pédagogiques et le rôle central du formateur dans leur application.

Plus spécifiquement, le/la consultant(e) ou l’institut aura à:

Développer un programme de formation de formateurs de 2 semaines qui prend en compte:

  • La maitrise des principes fondamentaux de la pédagogie;
  • L’intégration d’un dispositif approprié de méthodes de formation pour adultes;
  • La conduite des actions de formation selon le domaine de compétences,
  • La conception et le développement des actions de formation;
  • La production de supports pédagogiques;
  • Les techniques d’animation;
  • Les outils du formateur;
  • La présentation des savoirs.

Produire un kit de formation et les modules à l’intention des formateurs de l’ENAM,

Animer la session de formation de formateur pendant 2 semaines (12 jours). Tous les aspects pratiques et

  • logistiques de la formation seront pris en charge par le projet;
  • Accompagner l’ENAM dans l’établissement d’un dispositif qui définit sa philosophie de la formation, le cheminement à suivre et l’organisation professionnelle des élèves magistrats, greffiers et  le personnel pénitentiaire;
  • Proposer une méthode de gestion de la direction des études de l’ENAM;
  • Elaborer une grille d’évaluation des formateurs en appui technique à l’ENAM;
  • Rédiger un rapport de mission, le faire valider par les parties au projet et le déposer au PNUD.

Méthodologie:

La consultance se déroulera sur une période de 28 jours calendaires, dont 23 jours en RCA et 5 jours de préparation basé à domicile.

L’approche souhaitée est la suivante:

  • Préparation du programme de formation : 5 jours home based;
  • Adaptation du programme de formation et constitution du kit et des modules: 7 jours en RCA;
  • Dispense de la formation sur place : 12 jours en RCA;
  • Rédaction des livrables additionnels et du rapport : 4 jours en RCA.

Competencies

Compétences liées au travail au sein du PNUD:

  • Intégrité, respect des valeurs d’éthique et d’équité des Nations Unies,
  • Promotion de la vision, de la mission et des objectifs stratégiques du PNUD et des Nations Unies,
  • Respect  des différences culturelles, de genre, de religion, de race, d’âge et de nationalité.

Compétences liées au travail à accomplir

Le consultant devra faire preuve des compétences suivantes:

  • Avoir une connaissance approfondie en sciences de l’éducation;
  • Avoir une bonne maîtrise des méthodes de la pédagogie active et de l’andragogie;
  • Avoir une bonne connaissance du profil de formation des acteurs judiciaires et pénitentiaires;
  • Justifier d’une bonne connaissance de l’ingénierie de la formation et des techniques de formation de formateurs;
  • Avoir un bon sens des priorités et disposer d’une bonne capacité de planification et d’organisation de la formation; 
  • Démontrer de solides capacités d'animation et faire preuve d'initiative, de dynamisme et de proactivité;
  • Disposer d’une excellente capacité de communication et de relations interpersonnelles, d’une bonne aptitude à travailler au sein d’une équipe pluridisciplinaire de haut niveau et à insuffler une dynamique de changement;
  • Posséder de solides capacités d'expression écrite et orale et de réelles aptitudes à formuler de façon claire et concise ses idées;
  • Faire preuve d’ouverture d'esprit, de volonté, d'adaptabilité et de souplesse dans les relations avec ses collaborateurs;
  • Avoir une bonne connaissance des outils informatiques (Microsoft Excel, Word, PowerPoint, internet, etc...).

Required Skills and Experience

Education :

  • Etre titulaire d’au moins un diplôme de Master en Sciences de l’éducation, en Sciences sociales, en Droit ou dans un domaine analogue.
  • Expériences:
  • Disposer d’au moins 7 années d’expérience dans le domaine du renforcement institutionnel en lien avec la formation de formateurs ou la formation d’adultes;
  • Avoir réalisé des consultations similaires et dispensé des formations similaires.
  • Disposer d’une expertise avérée et démontrée dans le domaine d’appui technique aux institutions étatiques, particulièrement dans le développement des programmes de formation des adultes;
  • Une expérience dans la dispense de formations dans des contextes d’Etat fragiles serait considérée comme un atout;
  • Justifier d’une expérience préalable dans le domaine de l’appui institutionnel et l’organisation de la formation pour une institution de formation professionnelle ou une école de formation de magistrats (ou dans d’autres cadres).

Langues:

  • Une excellente maîtrise du français (écrit et parlé);
  • Une connaissance de l’anglais est un atout.

Critères de sélection:

Les candidats intéressés peuvent envoyer:

  • un CV mis à jour;
  • un P11 (incluant 3 références) dument rempli et;
  • une lettre de motivation.

Les candidats doivent également envoyer:

  • une proposition technique contenant leur plan de travail et leurs suggestions techniques pouvant leur permettre d’atteindre les objectifs visés par la consultance;
  • une offre financière distincte doit aussi être jointe au dossier.

Le contrat sera accordé au consultant dont l’offre a été évaluée et acceptée et fonction des critères suivants:

  • En conformité avec les Termes de Reference de la consultance;
  • Ayant obtenu la note la plus élevée dans l’évaluation combinée de l’offre technique et financière;
  • Evaluation technique : 70%;                                                                                                        
  • Evaluation financière: 30%.

Seuls les candidats ayant obtenu un maximum de 70 points seront considérés pour l’évaluation financière.

Eléments de l’évaluation:

  • Diplômes 10%;
  • Nombre d’année d’expérience pertinente10%;
  • Références similaires (un minimum de 3) 30%;
  • Compréhension des TDR et  pertinence de la note méthodologie soumise 45%;
  • Planning et cohérence du programme de travail de la consultance 5%.

Paiment

  • Comme mentionnée, la consultance sera de 1 mois en juin (la consultance est prévue pour 28 jours calendaires, mais 2 jours peuvent être pris libres comme dimanche, donc disons du 1 au 30 juin). Le paiement interviendra à la fin de la consultance, 100% des honoraires lui seront payés (les frais peuvent être remboursés à l'arrivée de même que la distribution du perdiem).