Background

Contexte

La République démocratique du Congo, puis le Zaïre, ont connu deux guerres successives au cours des trois dernières décennies : la première, en 1996-1997, qui a conduit à la chute de l'ancien président Mobutu et à la montée en puissance de Laurent Désiré Kabila ; et la seconde, qui a remis en cause le régime du président Laurent Kabila en août 1998. À la suite d'une guerre menée par une coalition de forces nationales et régionales (dont les forces armées du Rwanda, du Burundi et de l'Ouganda), le 16 mai 1997, le président Mobutu a été chassé du pouvoir et remplacé par Laurent Désiré Kabila. Voyant que ses anciens alliés procédaient à traiter la RDC comme un territoire conquis, Laurent Désiré Kabila avait décidé de rompre ces alliances le 27 juillet 1998. Cette rupture brutale et le refus de ses anciens alliés de se désengager du territoire national congolais ont provoqué le déclenchement d'une nouvelle guerre le 2 août 1998, guerre qui a été menée par de nouvelles forces de la coalition.

En août 1998, les Tutsis congolais, soutenus par l'armée rwandaise, ont créé le mouvement de rébellion connu sous le nom de Parti congolais pour la démocratie (RCD). En 1999, le Mouvement pour la libération du Congo (MLC) a été créé et a lancé une autre rébellion dans la province de l'Équateur. Suite à ces rébellions, d'autres conflits armés vont surgir dans différentes parties du territoire congolais, notamment en Ituri, à Kisangani, dans le Haut-Katanga. Ces guerres et rébellions, pendant quatre ans et demi, ont conduit à la division du pays en zones gouvernementales.

Face à cette détérioration de la situation, le Conseil de sécurité des Nations unies, par sa résolution 2100 et d'autres (en particulier la résolution 2480 du 28 juin 2019) a fermement condamné les graves violations des droits de l'homme et autres violations du droit international humanitaire qui se produisaient, et a demandé à toutes les parties de mettre fin à ces violations et de remplir leurs obligations en vertu du droit international applicable.

Le mandat de la Mission de stabilisation de l'Organisation des Nations unies en République démocratique du Congo (MONUSCO) a été établi par le Conseil de sécurité dans sa résolution 1925 (2010). Il fait suite à son prédécesseur, la MONUC, qui a été créée par la résolution 1279 (1999) du Conseil de sécurité et rebaptisée afin de refléter la nouvelle phase atteinte dans le pays. La dernière prolongation du mandat jusqu'au 20 décembre 2020 a été autorisée par le Conseil de sécurité de l'ONU dans sa résolution 2502 (2019).

À la suite de l'examen stratégique indépendant de la MONUSCO en 2019 (S/2019/842), le Secrétaire général a déclaré qu'il est essentiel que les efforts visant à renforcer l'impact et l'efficacité de la composante militaire de la MONUSCO soient guidés par une approche globale de la force et de la mission, avec la protection des civils au centre, en soulignant que l'utilisation de la force militaire n'est qu'une partie d'un effort multidimensionnel visant à promouvoir la paix. Dans sa résolution 2502, le Conseil de sécurité a suivi cette approche, en soulignant que les activités de la MONUSCO devraient être menées de manière à faciliter les progrès vers une paix et un développement durables et inclusifs et à s'attaquer aux causes profondes du conflit, en insistant sur la nécessité de transférer progressivement les tâches de la Mission au gouvernement de la RDC, à l'équipe de pays des Nations unies et aux autres parties prenantes concernées afin de permettre son retrait responsable et durable de la MONUSCO, et en soulignant la nécessité d'une analyse conjointe et d'une planification stratégique efficace à cet égard.

Les femmes sont en première ligne des conflits qui ravagent la RDC, notamment dans les provinces du Kasaï, du Tanganyika, de l'Ituri, du Nord et du Sud-Kivu. La MONUSCO doit tenir pleinement compte des considérations de genre en tant que question transversale tout au long de son mandat et aider le gouvernement de la RDC et les autres parties prenantes concernées à créer un environnement juridique, politique et socio-économique propice à la participation pleine et entière, effective et significative des femmes à tous les niveaux, y compris des survivantes de violences sexuelles et sexistes, et à leur représentation.

La MONUSCO doit oeuvrer au maintien et à la promotion de la paix et de la sécurité, ainsi qu'à la protection des civils, en particulier en assurant la protection des réseaux de femmes, en soutenant les efforts de DDR et de RSS et en appuyant les efforts de stabilisation, notamment par la mise à disposition de conseillers civils et en uniforme pour la protection des femmes et des hommes, ainsi que de points de contact au siège et sur le terrain. Elle doit également y parvenir en impliquant les femmes leaders de la société civile et les membres d'organisations dans la prévention et la résolution des conflits, dans les institutions publiques et dans la prise de décision, ainsi qu'en soutenant le gouvernement dans la promotion de la participation politique des femmes, en particulier en atteignant le quota constitutionnel de 30 % et demande en outre que la MONUSCO fasse davantage rapport au Conseil sur cette question.

2020 marque le 20e anniversaire de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité des Nations unies et offre l'occasion d'évaluer les progrès réalisés dans la mise en oeuvre de cette résolution ; de documenter les bonnes pratiques, mais aussi d'évaluer les lacunes et les défis. Cet anniversaire sera également l'occasion de renforcer la visibilité de la contribution des organisations de femmes à sa mise en oeuvre. Cette année marquera également l'anniversaire du programme d'action de Pékin, offrant ainsi aux parties prenantes l'occasion de faire le point sur les progrès réalisés, notamment en ce qui concerne la mise en oeuvre des engagements pris par les États.

C'est dans ce contexte général que l'initiative intégrée visant à effectuer une analyse des conflits tenant compte des questions de genre et des droits de l'homme est proposée. L'analyse portera sur les thèmes clés liés au genre : la dynamique du conflit avec l'identification des causes profondes, les rôles et les relations entre les sexes, les droits des femmes et des filles, les différents impacts de ce contexte d'insécurité sur les femmes, les hommes, les garçons et les filles, la contribution des hommes, des femmes et des jeunes dans la prévention et la gestion des conflits, etc.

Compte tenu de l'importance et de la portée de cette analyse, cette initiative sera menée conjointement par la MONUSCO et l'UNCT sous la coordination générale d'ONU Femmes. Elle couvrira les zones les plus touchées de la République démocratique du Congo, y compris les zones qui, bien qu'elles ne soient pas actuellement des zones de conflit armé actif, peuvent présenter des conditions qui les rendent susceptibles d'une résurgence du conflit armé en raison de tensions communales sous-jacentes, de lacunes dans le contrôle gouvernemental efficace de la sécurité et d'autres facteurs de risque pertinents. La portée géographique de l'analyse sera déterminée en collaboration entre les partenaires de coordination et le consultant lui-même, en tenant compte de la disponibilité des ressources et des capacités, des domaines d'activité de la mission et des avantages comparatifs offerts par l'analyse des différentes régions. À première vue, les domaines d'intérêt comprendront les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, de l'Ituri et du Tanganyika, avec l'inclusion éventuelle de la région du Grand Kasaï.

C'est dans ce contexte que ces termes de référence ont été élaborés afin de recruter un consultant national pour entreprendre une analyse du conflit qui tienne compte des considérations de genre et de droits de l'homme.

Duties and Responsibilities

Objectives et Méthodologie

L'analyse de conflit sensible au genre et aux droits de l'homme doit être basée sur des données quantitatives et qualitatives, en se concentrant principalement sur les données qualitatives étant donné les limitations potentielles de temps, de ressources et d'accès aux ensembles d'informations. Ses principaux objectifs sont les suivants :

  • Disposer d'une analyse de conflit sensible au genre qui identifie les disparités (économiques, sociales, politiques) entre les femmes et les hommes et leur influence sur la fragilité, la violence et le conflit ; qui fournit une analyse causale de la fragilité, de la violence et du conflit sensible au genre ; qui analyse les acteurs pertinents du conflit, en particulier les rôles des hommes et des femmes dans les conflits et leurs capacités à prévenir et à gérer la fragilité, la violence et le conflit, y compris la violence sexuelle liée au conflit ; ainsi que l'impact du conflit sur les hommes et les femmes et les inégalités fondées sur le genre ;

  • Informer les priorités mises à jour en termes de l'Agenda pour les femmes, la paix et la sécurité pour le processus de transition de l'ONU ;

  • Identifier les liens et les points d'entrée pour un partenariat stratégique entre les différents acteurs, y compris les institutions nationales, les organisations de la société civile, les organisations régionales, l'UNCT pour un processus de transition efficace et sensible au genre en RDC.

The following steps are proposed in conducting this analysis:

  • Analyse documentaire : la première étape consistera à élaborer des questions de recherche, à développer les éléments de fond de l'analyse documentaire et à identifier les ressources documentaires disponibles, notamment les documents politiques et stratégiques, les rapports, les évaluations, etc. provenant de toutes les sources existantes. Consultation des personnes ressources internes.

  • Approbation du projet initial du rapport d'analyse documentaire dans le cadre d'un atelier avec les parties prenantes : La revue documentaire guidera la méthodologie et les questions de recherche pour l'analyse empirique sur le terrain. Les participants à l’atelier doivent inclure les parties prenantes gouvernementales et non gouvernementales, nationales et internationales.

  • Une analyse empirique basée sur des consultations en personne et virtuelles avec les parties prenantes dans des régions de la RDC convenues complétera la revue documentaire. Le rapport complet comprendra des données brutes desagregés par sexe, age, et diversité et suivies d'une analyse et de recommandations qui répondent aux objectifs identifiés pour cette analyse.

  • L'approbation finale du rapport se fera lors d'un atelier avec toutes les parties prenantes à Kinshasa.

 Tâches

Le consultant travaillera sous la supervision d'ONU Femmes en collaboration directe avec les composantes pertinentes de la MONUSCO, le BCNUDH, le PNUD, et le One UN Gender Team et en consultation avec l'UNCT (équipe de pays des Nations Unies).

Il/elle soumettra une note technique et méthodologique au Comité de pilotage (à établir avant le début de la mission de conseil, composé de personnel désigné par les partenaires de coordination concernés), précisant les conditions d'exécution de la mission. Cette note précisera les ressources humaines ainsi que le budget nécessaire à l'exécution de la mission.

Sous les conseils d'ONU Femmes, et en coordination directe avec les composantes pertinentes de la MONUSCO, du BCNUDH et du PNUD, le consultant s'engagera, avec le groupe de travail conjoint, l'équipe "One UN Gender Team", à élaborer un premier projet d'analyse de conflit sensible au genre et aux droits de l'homme avant la soumission du rapport final validé.

 Résultats attendus

À la fin de la consultation, les résultats suivants seront atteints :

Une analyse de conflit qui suit les grandes lignes du plan proposé dans l’annexe des présents TDRs. L’analyse doit identifier l’impact d’un retrait de la MONUSCO sur l’agenda Femmes, Paix et Sécurité en RDC.

Elle doit intégrer l’analyse :

  • des disparités (économiques, sociales, politiques) entre les femmes et les hommes et leur influence sur la fragilité, la violence et les conflits ;

  • une analyse causale de la fragilité, de la violence et du conflit sensible au genre ;

  • une analyse les acteurs pertinents du conflit, en particulier les rôles des hommes et des femmes dans les conflits et leurs capacités dans la prévention et la gestion de la fragilité, de la violence et du conflit, y compris la violence sexuelle liée au conflit ; ainsi que l'impact du conflit sur les hommes et les femmes et les inégalités fondées sur le genre.

Une mise à jour des priorités en termes de l'Agenda Femmes, Paix et Sécurité en RDC pour le processus de transition des Nations Unies.

Calendrier

Livrables

Jours

Date limite

Présenter une note technique et financière sur la mission, y compris sur la méthodologie et le calendrier de mise en œuvre des activités détaillées

3

05 Octobre

Examen documentaire et production du rapport d'examen

15

15 Octobre 2020

Enquêtes empiriques et consultations

16

6 Novembre 2020

Analyse des données empiriques et rédaction du rapport final

15

27 Novembre 2020

Soumission du rapport final

5

4 Décembre 2020

 

Nombre total de jours ouvrables = 54 jours, couvrant la période du 05 octobre au 4 décembre 2020.

Competencies

Compétences recherchées

Compétences fonctionnelles :

• Solide capacité de produire des rapports clairs avec une analyse approfondie et des recommandations stratégiques en français dans les domaines pertinents ;

• Bonne aptitude à la communication et disposer de compétences interpersonnelles, de capacités à favoriser les réseaux et les partenariats ;

• Bonne aptitude de conception d’éléments de visualisation de données et informations complexes

• Très bonne aptitude à gérer des tâches multiples

• La connaissance de la RDC est un atout.

Valeurs fondamentales / Principes directeurs :

Intégrité :

• Démontrer une cohérence dans le maintien et la promotion des valeurs d'ONU Femmes dans les actions et les décisions, conformément au Code de conduite des Nations Unies.

Professionnalisme :

• Démontrer une compétence professionnelle et une connaissance approfondie des domaines de travail pertinents.

Diversité culturelle et maintien des valeurs :

• Démontrer une appréciation du caractère multiculturel de l'organisation et de la diversité de son personnel ;

• Démontrer une vision internationale, apprécier la différence de valeurs et apprendre de la diversité culturelle.

Ethique et valeurs :

• Démontrer et sauvegarder l'éthique et l'intégrité.

Sensibilisation organisationnelle :

• Démontrer une connaissance de l’organisation et faire montre d’un jugement solide.

Travail en équipe :

• Démontrer la capacité de travailler dans un environnement multiculturel et multi-ethnique et de maintenir des relations de travail efficaces avec des personnes de différentes nationalités et issues de différentes cultures.

Innovation et développement :

• Veiller à son développement personnel et prendre des initiatives.

Autogestion et intelligence émotionnelle :

• Rester serein et positif même dans des moments difficiles, gérer les situations tendues avec diplomatie et tact, et avoir un comportement constant envers les autres.

Gestion des conflits :

• Aborder les conflits circonstanciels de manière proactive en reconnaissant les différences de points de vue et de sentiments en privilégiant une solution mutuellement acceptable.

 

Required Skills and Experience

 

 Expérience recherchée

Éducation :

Être titulaire d'un diplôme de niveau Bac + 4 minimum en sciences humaines, sociologie, démographie, genre ou autre discipline connexe.

Compétences et expérience :

Au moins 10 ans d'expérience professionnelle pertinente dans la programmation de l'égalité des sexes et dans des mandats relatifs aux femmes, à la paix et à la sécurité, ainsi que dans des processus de paix tenant compte des questions de genre, de préférence dans le cadre d'opérations de maintien de la paix ;

Au moins 5 ans d'expérience avérée dans le domaine des enquêtes sociales en RDC et sur les questions de genre, en particulier sur l'analyse de conflit sensible au genre ;

Une bonne maîtrise des techniques de collecte et d'analyse des données ;

Bonne connaissance de l'environnement socio-économique en RDC

Excellentes capacités de rédaction et de synthèse ;

Excellentes compétences en matière d'organisation et de gestion du temps ;

Être libre de tout autre engagement pendant la période de consultation.

Langues :

Une excellente maîtrise du français écrit et parlé est requise ;

La maîtrise de l'anglais serait un atout.

Rémunération

En cas de déplacements au niveau provincial en RDC, ONU Femmes pourra appuyer l’organisation des missions sur terrain et prendra en charge les coûts connexes séparément.

Conformément au “chronogramme : livrables clés et calendrier de paiements” précisé plus haut, tous les paiements seront libérés au / à la Consultant(e) à la suite de l'examen des livrables / travaux soumis au Programme RDC et approuvés par la Représentante Résidente